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A en croire le catalogue du Salon 1956 de la Nationale des beaux-arts, les organisateurs auraient cette année le sentiment de s’être enhardis. Qu’on se rassure, la promenade au long de ces cimaises fournies – il y a un millier d’envois au total – ne ménage aucune émotion nouvelle (1).

Entre quelques toiles solides ou correctes, dues a Giguet, à Thào Kerg, a Yankel, à Rapp, à Innocent, et d’autre part un certain nombre de vulgarités ou d’indigences à couper le souffle, on peut se livrer à quelques remarques : regretter par exemple que Denise Lemaire abandonne si délibérément ces temps-ci l’énergie graphique, le côté affirmé de son style ; constater l’inégalité de facture d’une toile á l’autre de Delplanque (prix Puvis de Chavannes 1955), auquel est réservé, de même qu’à Van Hasselt, tout un panneau ;saluer au passage le rythme avec lequel Krogh fait brandir leur quartier de bœuf à ses équarrisseurs, les toiles assez méditées de Desgranges, le paysage panoramique et consciencieux de Barbier, le « Feu » de Lejeune, l’éternel chaland qu’une fois de plus Bouquillon (Robert) haie sur son éternel canal, Argov, Rosso :Benito, Pan-Yu-Lin. Langlois-Beilot a quelques effets heureux, l’extérieur de Faucher quelque chose d’alerte et de juste. Au détour de l’itinéraire, avant la section des arts décoratifs, un fusil de chasse signé du graveur-ciseleur Cou-Choux, imprudemment abandonné sur un tréteau, donnerait pour un peu une méchante envie de faire mouche ici ou là sur les cimaises en contrebas. Un peu plus loin, matériel de bureau, paravents laqués, tapisseries d’Olin,, objets d’art, colifichets, tout un déploiement artisanal sur lequel règnent les profils ourlés à l’orientale de Mme Genia Minache.

Côté arts graphiques, gravures de Cailleté, Chervin, de Solère. Dessins de Bouquillon (Albert) et de Plin, moins séduisant en sculpture, malgré la maîtrise qui dans cette section lui fait peut-être primer ses co-exposants. Décatis « illustré le » Livre de Christophe Colomb ».

Au premier étage un panorama de panneaux photographiques (industrie, ouvrages d’art) introduit à de nouvelles salles de peinture, dont nous avons mentionne ci-dessus les envois marquants. Enfin le Salon est assorti de quatre rétrospectives : Émile Barau, Raymond Charmaison, Pierre Gatier, Claude Rameau.

Certaines de ces rétrospectives concernent des peintres morts récemment Pierre Gatier, lui, disparut en 1944. M. Dubaut a organisé un ensemble qui rappelle la facture large, nourrie d’une pâte généreuse, de ses paysages de provence, de Savoie, des Sables-d’Olonne. Gatier gravait d’autre part d’un burin aigu les élégances et les plaisirs parisiens.

(1) Musée municipal d’art moderne, avenue du Président-Wilson.

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