文獻


Le Salon annuel des femmes peintres et sculpteurs vient d’ouvrir ses portes au Palais de New-York. Salonnet serait plus exact. Le rez-de-chaussée n’est qu’en partie occupé, le jury, dit-on, fut severe pour admettre en ce groupe joli, coquet, mais où nul nouvel astre ne vient briller au ciel de la peinture, où aucune étoile éteindre d’une lueur trop vive les étoiles coutumières.

Rares sont les portraits. Celui qu’expose Mme Marre est d’un goût délicat ; une tête de femme par Mme Charmy est de savoureuse et robuste einture, et les admirateurs de Mmes Barcy, Lavrut, Marie Teyssier, Lilly Steiner, Y. Maréchal, retrouveront des visages familiers comme ils retrouveront les ingénues de Mmes Hélène Perdriat et Madeleine Luka, fidèles à une réunion où quelques absences à peine seront remarquées.

Bien que Mary Cassatt ait été appelée à la rescousse et qu’on ait plaisir à contempler quelques figures de cette artiste qui appartient à l’histoire de l’impressionnisme, bien que la miniature offre sur l’ivoire de fraîches carnations signées de Mmes Pommier-Zaborowska, Lévy-Engelmann, J. Hubert, le portrait ici est surtout à la sculpture avec des bustes consciencieux, tel celui de Mme Verlomme, femme du préfet de la Seine, modelé par Mme . Blanchot. En bref, les tableaux exposés sont avant tout des paysages et des natures mortes. Il faut mettre cependant à part quelques scenes composes comme « le Cabaret » d’harmonie calme et douce dû à Mme Marguerite Louppe ou les « Baignades » que renouvelle avec prédilection Mlle Jouclard, à laquelle on doit aussi la fraîche vision d’un petit village, mettre à part les scènes et types indochinois à quoi se complaît le talent de Mme Boullard-Dève.

Les paysages en ce Salon apparaissent aisément comme des répétitions. Les mêmes motifs semblent revenir, les mêmes arbres reverdir, les mêmes plages étaler leur sables au bord des vagues. Pourtant tous sont établis avec goût, et des peintres comme Mmes Bunoust, La Villéon, Ibels-Daurat, Le Pesqueux, S. Loup, Perraudin ne déçoivent pas ceux qui s’intéressent à leurs travaux. Une petite anse orientale est de Mme S. de Larminat, telle allée d’arbres fut dressée par Mme Pironin, Mme de Chabrillan va de la ville à la mer, tandis que Mme S. Laurin admire les bords de Seine. Avec générosité Mmes Bessie-Davidson, Marthe Lebasque, Pelisson-Mallet, S. Bertet, G. Casse, S. Tranchant, Montjolin, Couyba, offrent fruits et fleurs, et leurs émules sont nombreuses.

Qu’il y ait en tout plus d’essais et de belles intentions que d’œuvres réalisées, sans doute, mais n’est-ce pas un peu le mal de notre temps ?Du moins, la partie réservée aux gravures et dessins ne saurait-elle décevoir. Les estampes de Mmes Camille Bert, Colette Pettier, Marcelle Kuntz, M. Melsonn, Clouzot, sont de premier ordre ; des sanguines par Mme Rakka sont d’un trait précis ; les gueux de Mme Louise Ibels restent véridiques, et les nus de Mme Pan Yu Lin, les impressions en couleurs de Mme Suzanne Tourte si semblables à sa peinture, les lavis d’humour vengeur et les peintures de Mme Kate Munzer ajoutent à cette réunion un attrait incontestable.

Un groupement d’art décoratif réalisé par Mme Mary Dorat, auteur de robustes poteries, se présente sous l’égide d’un carton de tapisserie d’harmonie douce et calme composé par Mme Peugniez. Une figure de fraîcheur juvénile et légère par Mme Magda Andrade y met un accent joyeux. Avec un sens d’arrangement bien féminin sont groupés des émaux par Mme Thiriet, des dessins pour le théâtre par Mme de Clauzade, des glaces ornées par Mme Chauvel, des céramiques, des reliures, mille choses destinées à apporter du charme à un intérieur. Au centre, dans une vitrine, les oiseaux de verre de Mme Marcelle Thiénot poussent leurs chants muets sur deux branches fragiles. Ils viennent rappeler que celle qui les mit au Jour est disparue, et que tout autour de nous est fragile comme eux et plus qu’eux encore appelé à disparaître.

Et ce Salon, premier éclos en 1947, affirme l’effort féminin dans un domaine où sa sensibilité, son goût et sa coquetterie lui assurent une place qu’il a su conquérir et que nul ne conteste plus.

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